Sommeil, santé & bien-être
Le sommeil est dans le pré
Pauline Certes
24 janvier 2022
Fatigués d'une vie rythmée par le stress de la ville, de plus en plus de citadins prennent la tangente et optent pour un mode de vie plus proche de la nature. Alors, la vie au grand air a-t-elle une influence sur notre sommeil ? Dort-on mieux là où l'herbe est plus verte ? Enquête.
Sommaire
Il y a quelques années, Simon, encore étudiant à l’époque, transforme en cocon nomade son véhicule utilitaire. Il bricole un sommier, installe un matelas deux places pour dormir confortablement, et une petite cuisinière. Un équipement assez sommaire, mais selon cet adepte de la décroissance, tout ce qu’il faut pour être heureux. Le baroudeur enchaîne les road trips en Corse, et sillonne le Sud-Ouest de la France et l’Espagne à plusieurs reprises.
Lors de ses périples, quand il n’est pas hébergé chez des amis, il apprécie par-dessus tout dénicher un petit coin de rivière où passer la nuit seul, entouré de la nature. « C’est le rêve. Je me baigne la journée, puis je m’installe pour dormir. Il faut faire attention à se garer sur un terrain bien plat parce que même en van, on peut rapidement être mal installé, glisser sur son matelas ou trop pencher d’un côté. » Aujourd’hui trentenaire, cet ouvrier du bâtiment (qui a l’habitude de se déplacer à droite à gauche pour des chantiers) a toujours eu un sommeil qu’il définit comme « haché ». Plusieurs fois par nuit, il se réveille, puis se rendort, se réveille à nouveau, et ainsi de suite jusqu’au petit matin. Mais quand il est installé dans son van au grand air, son sommeil est plus serein.
« Je trouve le moment du coucher plus agréable que dans mon lit. À la tombée de la nuit ou au petit matin je peux observer les biches et les oiseaux… Je suis heureux au calme dans ma bulle. Parfois je profite aussi de ma camionnette pour faire une petite sieste, même en ville. Personne ne sait que je suis là, et ne fait attention à moi. C’est une sensation très agréable.»
La vie dans les bois
Installé en Finlande depuis une quinzaine d’années, Julien est aussi un adepte de la nature. Comme beaucoup d’habitants de la région d’Helsinki, ce quarantenaire possède un Mökki, une petite cabane rudimentaire de 14m2, installée dans la forêt, où il passe ses week-ends, et parfois même plusieurs semaines d’affilée pendant l’été. Pas d’électricité, pas d’eau courante, un poêle à bois et le champ des oiseaux pour seule compagnie… pour ce couche-tard invétéré, qui peut souvent veiller jusqu’à 4 ou 5h du matin, c’est une vraie thérapie : « Je n’ai jamais autant vécu en communion avec les rythmes de la nature. Quand je suis là-bas, mon organisme se recale naturellement. Je peux m’endormir à 22h, ce qui est très rare pour moi, et me réveiller spontanément avec le soleil vers 6h, sans me sentir fatigué pour autant. Je ne m’ennuie pas du tout, je lis beaucoup, et prends le temps d’observer les écureuils, les lièvres et les renards qui s’habituent peu à peu à ma présence. C’est très apaisant.» Voilà qui donne envie, n’est-ce pas?
D’autant plus que nos témoins sont loin d’être des cas à part, et leur sentiment de bien-être n’a rien d’une illusion. Beaucoup de scientifiques autour du monde en sont convaincus : la nature a des bienfaits positifs sur notre santé mentale, et par extension, sur notre sommeil.
Les Japonais sont de grands adeptes du « shinrin-yoku » (traduisez bains de forêt) pour booster leur système immunitaire, et selon une équipe de chercheurs américains de l’Université de Stanford, qui a étudié plusieurs panels de participants en ville et à la campagne, une marche de 90 minutes en plein air diminue les risques de dépression : « Nos travaux démontrent l’impact du contact avec la nature sur la régulation de nos émotions, et permettent d’expliquer comment elle peut nous aider à nous sentir mieux », a expliqué Gregory Bratman, l’un des auteurs de cette étude parue en 2015.
Mais attention, grand air ne rime pas forcément avec nuits de qualité. La preuve, à la montagne, où les insomnies sont fréquentes. Plus on grimpe en altitude et plus l’oxygène se raréfie, ce qui peut avoir une influence sur la qualité de notre sommeil. Pas d’inquiétude, ce petit bémol ne dure que quelques jours, et vous pourrez ensuite filer tout schuss jusqu’à votre oreiller.
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