Sommeil, santé & bien-être

Les seniors et le sommeil l’analyse

Solène

26 novembre 2016

Pourquoi les seniors ont-ils besoin de faire la sieste, et combien de temps doit-elle durer pour être efficace ?

Chez l’adulte, il existe une baisse de la vigilance entre 13 h et 15 h. Le besoin de faire une sieste est donc tout à fait normal ! Dans certains pays, elle est même intégrée dans l’organisation du temps de travail. Les seniors, le plus souvent retraités, peuvent gérer leur planning et font donc facilement la sieste.

Pour être efficace, celle-ci doit être brève : 10 à 30 minutes maximum. On évite ainsi des répercussions sur le sommeil nocturne. En effet, une sieste durant 2 à 3 h peut gêner l’endormissement.

Son rôle : « recharger les batteries« , restaurer la vigilance et les réserves. Chez les travailleurs, il a été prouvé qu’elle s’accompagne d’une baisse des accidents du travail et d’une meilleure rentabilité.

Donc pas de culpabilité ! La sieste ne veut pas dire « flemme, fainéant, etc. », mais respect des rythmes biologiques de l’être humain.

Le sommeil est-il différent chez les personnes âgées ?

Le sommeil évolue normalement tout au long de la vie. Le nouveau-né dort 16 h sur 24, sans se préoccuper du jour ou de la nuit. Mais très rapidement, des rythmes vont s’installer et le nourrisson, puis l’enfant, l’adolescent et enfin l’adulte, vont dormir la nuit et restés éveillés le jour.

Ces modifications physiologiques sont liées à notre horloge interne, située au niveau de l’hypothalamus (région profonde du cerveau intervenant dans la régulation du comportement). Les hormones, les neuromédiateurs (substances chimiques) et la température corporelle jouent aussi un rôle dans l’apparition du sommeil. Cette horloge est influencée par des facteurs externes, qui la calent sur 24 h. Le plus important d’entre eux est la lumière (via la mélatonine, une hormone du sommeil), mais le bruit, les repas et la vie sociale ont également une action.

A partir de 40-50 ans, le sommeil lent profond (récupérateur sur le plan physique) diminue de façon importante. Il est remplacé par un sommeil lent léger, les éveils étant alors plus faciles. Les éveils intra-sommeil sont plus nombreux, souvent plus longs. Les micro-éveils se révèlent aussi plus nombreux et les changements de stades plus fréquents que chez un adulte jeune. L’efficacité du sommeil diminue et le temps passé au lit augmente. Le sommeil devient « polyphasique » (nombreux changements de stades). Le senior a aussi tendance à s’endormir plus tôt le soir (syndrome d’avance de phase).

Quels sont les troubles du sommeil les plus fréquents chez les seniors ?

40 % des personnes de plus de 75 ans se plaignent de leur sommeil (Honen 2007).

L’insomnie chronique est la pathologie la plus fréquente. Il peut s’agir de difficultés d’endormissement, de réveils multiples pendant la nuit, d’un réveil précoce le matin sans ré-endormissement, ou les trois à la fois. Le sommeil est toujours vécu comme « non récupérateur« . Dans la population générale, près de 10 % des personnes se plaignent d’insomnie. Ce pourcentage augmente avec l’âge, pouvant atteindre 30 % chez les seniors selon certaines études, et plus souvent les femmes.

Le syndrome d’apnées du sommeil (SAS) est le plus souvent à l’origine d’une somnolence diurne anormale. Chez l’adulte, il se définit par la présence d’au moins 10 apnées par heure de sommeil. Pathologie très fréquente (environ 10 % de la population est concernée), elle augmente avec l’âge. La prévalence étant proche de 25 % chez les plus de 65 ans, et plus souvent chez l’homme (sauf à un âge très avancé). Ce syndrome est connu du public car il s’accompagne d’une « ronchopathie » (ronflement pendant le sommeil, source de bien de complications au niveau relationnel pour le conjoint ou la conjointe…).

Le syndrome des jambes sans repos, tout aussi fréquent, augmente lui aussi avec l’âge et semble plus fréquent chez la femme. Il apparaît le soir, peu après le coucher : la personne ressent une gêne au niveau des membres inférieurs (picotements, tiraillements…) l’obligeant à bouger les jambes et le plus souvent, à se lever et à marcher pour calmer ces sensations.

Les hypersomniaques ont quant à eux besoin d’une quantité de sommeil anormalement longue (plus de 10 h). Ils se plaignent d’avoir toujours envie de dormir, se lèvent fatigués le matin et somnolent une grande partie de la journée. Le SAS est le grand pourvoyeur chez les seniors, mais les hypersomnies « idiopathiques » (la cause ne peut être identifiée) sont possibles aussi ; la narcolepsie (présence quotidienne d’épisodes irrépressibles de sommeil) débute en général avant 50 ans, mais peut persister jusqu’à un âge avancé.

Enfin, les parasomnies sont des phénomènes indésirables ayant lieu pendant le sommeil. Ils sont fréquents chez le jeune, en particulier le somnambulisme. Chez les seniors, on peut retrouver une agitation au cours du sommeil paradoxal (activité musculaire, « concrétisation » des rêves…). Ce phénomène est rare, mais il peut se rencontrer en cas de maladie dégénérative, par exemple la maladie de Parkinson.

Existe-t-il des solutions, des traitements ?

Le traitement est lié à la cause, si l’on en trouve une. L’agenda de sommeil (vue synthétique du rythme de repos et d’activité), l’actimètrie (mesure et enregistrement de l’activité musculaire, reflet du sommeil), la polysomnographie (enregistrement des variables physiologiques) sont des examens permettant, si besoin est, de confirmer le diagnostic clinique.

Pour l’hypersomnie, des molécules éveillantes, comme le modafinil, sont prescrites en priorité.

Dans le cas du SAS, le traitement de choix est la pression positive continue (PPC). Il s’agit d’un moyen mécanique de supprimer les apnées : pour dormir, on pose un masque sur le visage, avec une certaine pression d’air dans le tuyau. La perte de poids sera associée s’il existe une surcharge pondérale et une consultation ORL pour la ronchopathie. Si la PPC n’est pas supportée, et pour les formes « légères », l’orthèse mécanique d’avancée mandibulaire peut être une solution (double gouttière réglable réalisée par un prothésiste dentaire).

Pour le syndrome des jambes sans repos, une cause médicale doit être recherchée et traitée en cas de déséquilibre : diabète, insuffisance rénale ou hépatique, troubles endocriniens… On recherchera également une neuropathie (trouble neurologique), et on réalisera impérativement un dosage de la ferritine dans le sang. Enfin, un traitement médicamenteux pourra être proposé.

Quant au traitement de l’insomnie, il varie en fonction de la cause. La dépression, les affections neurologiques, le reflux gastro-oesophagien, les problèmes cardiaques, endocrinologiques, etc. peuvent en être à l’origine. Pour l’insomnie liée à l’anxiété ou au stress, on évitera au maximum les médicaments, en particulier les anxiolytiques, source de nombreux effets secondaires surtout chez la personne âgée : chutes, troubles de la mémoire… Seront privilégiées les méthodes non médicamenteuses : yoga, relaxation, sophrologie, hypnose, thérapies cognitivo- comportementales… Les effets apparaissent à long terme mais sans effets néfastes. La luminothérapie peut aussi faciliter l’endormissement en cas de syndrome d’avance de phase.

En conclusion, quels conseils donneriez-vous aux seniors pour bien dormir ?

A la base d’un sommeil réparateur, on retrouve quelques constantes : une chambre calme, confortable, avec une température neutre (18 °C en moyenne), sans bruit et dans l’obscurité. Pas de TV ou d’ordinateur dans la chambre ! Les rituels du coucher sont également importants, comme chez le jeune enfant.

De plus, voici quelques règles faciles à suivre :

  • Bénéficier de la lumière du jour au maximum (alternance lumière / obscurité) pour bloquer la sécrétion de mélatonine, facilitant ainsi l’endormissement le soir.
  • Pas d’activité sportive intensive juste avant le coucher, mais très souhaitable dans la journée. Ceci pose problème pour les seniors qui ont des handicaps physiques. Parfois, une simple marche tranquille d’une vingtaine de minute suffit.
  • Pas de repas copieux le soir et éviter l’alcool qui ne fait pas dormir !
  • Des activités intellectuelles le jour sont aussi utiles : mots croisés, mots fléchés, calculs, bridge… La lecture lors du coucher peut être bénéfique.
  • Se coucher et se lever à des horaires réguliers : l’organisme aime la routine !
  • Se préparer au sommeil à la fois physiquement et moralement : ne pas passer en revue, lors du coucher, tous les problèmes rencontrés ou à venir.

De façon schématique, pour bien dormir, il faut donc réunir trois conditions :

  • Respirer calmement : facile
  • Se détendre physiquement : moins facile
  • Faire le vide dans sa tête : difficile

N’oublions pas que le jour est le reflet de la nuit et inversement. Le sommeil se prépare donc le jour !

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