Sommeil, santé & bien-être
Covid-19 : la pandémie n’est pas l’amie de nos nuits
Pauline Certes
17 août 2021
La pandémie a eu une incidence indéniable sur les habitudes de sommeil des Français. Alors, les nuits de qualité, c'est comme la bamboche, c'est terminé ? Ces changements, qu'ils soient positifs ou négatifs, vont-ils s'ancrer dans la durée ? Décryptage.
« La crise sanitaire a eu un énormeimpact sur mon sommeil. Il s’est complètement déréglé́, je n’arrive à m’endormir qu’à des heures tardives ». Lucie, insomniaque, avait déjà des problèmes de sommeil… que la crise sanitaire est venue aggraver. Et elle n’est pas la seule. Les chiffres de notre étude Iligo pour Cofel sont formels : près de 70% des participants déclarent avoir des nuits plus compliquées depuis le début de la pandémie. Un chiffre qui n’étonne pas Benjamin Lubszynski, psychothérapeute. Le spécialiste, qui distille en ligne ses conseils pour mieux dormir, a d’ailleurs constaté une recrudescence de trafic sur sa page YouTube (qui compte plus de 300 000 abonnés) pendant le premier confinement, avec en moyenne 5000 visiteurs supplémentaires pour chacune de ses vidéos : « Les causes de ce sommeil perturbé sont simples : le Covid et les confinements ont augmenté globalement le stress, et donc les problématiques liées au stress, comme les insomnies. Les femmes sont particulièrement concernées parce qu’elles ont des charges mentales et émotionnelles plus importantes ». Céline, insomniaque et membre de notre panel abonde dans ce sens : « Mon conjoint et mon fils n’ont aucun souci à ce niveau, ce sont de très gros dormeurs. C’est une chance…».Les insomnies sont certes un mal répandu, mais à ne pas prendre à la légère pour autant, comme l’explique Benjamin Lubszynski, également auteur de l’ouvrage Bien dormir ça s’apprend (éditions du Rocher): « Avoir une dette de sommeil a un impact sur notre niveau d’anxiété, augmente les risques de dépression, et diminue également notre résistance immunitaire ».
Des habitudes chamboulées
Heureusement, cette crise n’a pas eu que des effets négatifs. « Pendant le premier confinement notamment, les gens se sont autorisés à dormir davantage, et ont réalisé que jusque-là ils ne dormaient pas assez, poursuit le psychothérapeute. Cette crise a permis aux Français de réaliser qu’il y avait un problème avec leur sommeil. La mise en place du télétravail par exemple, a permis à beaucoup de se lever un peu plus tard. Du temps de trajet en moins, c’est autant de sommeil en plus ». Mais ce qui s’est vérifié lors du premier confinement n’est pas forcément vrai pour les suivants. Ces horaires plus souples sont venus chambouler les habitudes de sommeil de beaucoup de Français. C’est le cas de Maud : « Je vivais mieux mon sommeil lors du premier confinement que lors du second, sans parler des contraintes du couvre-feu. Nos habitudes et nos vies sont chamboulées, cela joue beaucoup sur ma santé mentale et mon sommeil ». Même son de cloche du côté de Delphine, une autre participante de notre étude Iligo, inquiète pour son conjoint : « Mon mari est angoissé par sa situation professionnelle, il dort assez mal. De plus, ne travaillant plus, il se couche plus tard et se lève plus tard. Il n’a plus de rythme ». Cette sensation «d’errement » a été rapportée par de nombreuses personnes depuis le début de la pandémie comme le confirme Benjamin Lubszynski : « Quand on a l’impression de n’avoir rien fait d’intéressant de la journée, le soir venu, on va veiller et tirer un peu sur la corde plutôt qu’aller se coucher de bonne heure. On s’expose à la lumière bleue des écrans de téléphone ou de télévision qui augmentent le temps d’endormissement. Sans oublier la baisse d’activité physique qui est néfaste pour le sommeil, alors que 30 minutes de marche par jour ont l’effet d’un antidépresseur léger ».
Mais le spécialiste reste optimiste pour la suite. Car la sieste s’est installée dans le quotidien de plus en plus de Français. Et pourrait bien s’y installer pour de bon selon lui. Un point positif à condition d’en user avec modération : « Une bonne sieste doit durer entre 20 et 30 minutes maximum, ce qui permet de récupérer sans décaler les rythmes de sommeil. On privilégie le creux méridien, après le repas, pour faire cette courte pause et se relaxer. On se sentira mieux l’après-midi, en ayant plus d’énergie et en étant plus productif. Tant que le télétravail durera, on peut imaginer que cette nouvelle habitude perdure aussi. C’est gagnant pour tout le monde, pour l’entreprise et pour le salarié, en étant en prime bénéfique pour le niveau de santé global de la société ».
Alors, on signe où ?
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