Technologie et sommeil

C’est purement personnel, mais je pense qu’il y a un point clé, qui est l’éducation. Sur Internet on trouve beaucoup d’informations sur le sommeil, et les gens sont plus à même de s’informer sur le sujet qu’il y a dix ans, mais il faut aussi savoir faire le tri, parce que c’est devenu un business, un marché, or n’oublions pas qu’il capitalise sur un besoin fondamental. Il est en train de se passer dans le sommeil ce qu’il s’est passé dans la nutrition il y a vingt ou trente ans, quand on a compris que notre alimentation jouait sur notre santé et notre plaisir. Dans l’idéal, il faudrait des recettes pour bien dormir, avec une vraie justification, qu’elles soient validées scientifiquement et surtout, qu’elles marchent.

Les outils technologiques là-dessus, c’est un peu comme le four à micro-ondes, ça nous permet de faire d’autres choses qu’avant. Si on sait bien les utiliser il y aura certainement une amélioration de la qualité du sommeil. Et puis, ce sont de formidables bases de données, qui vont sans doute permettre de faire émerger d’autres indicateurs sur ce qu’est un bon sommeil. Par exemple, il y a plein de choses sur le rêve que l’on ne connait pas encore. On sait que c’est important, mais on ignore encore beaucoup de choses à ce sujet.

Lorsqu’on fait des enregistrements du sommeil, ce qui s’appelle une polysomnographie, qui sont pour l’instant les seuls enregistrements qui permettent de voir la qualité réelle du sommeil, on s’aperçoit que ce sont des techniques qui ont été développées dans les années soixante. Il y a certainement un autre territoire, par la technologie, où on va se rendre compte, par exemple, que les mouvements des yeux jouent sur notre vigilance et notre sommeil.

Il y a eu un balancier, qui est parti dans l’hyper techno, avec des montres hors de prix qui vous indiquent votre temps de sommeil lent ou profond, et qui a priori vous donnent les mêmes résultats que les médecins, avec des machines qui en coutent quinze mille… Il y a eu un excès de technologies, avec beaucoup de promesses non tenues.

Comme il y a un retour de balancier, on se retrouve de l’autre côté, avec des plantes qui guérissent tout. Certains balanciers ont des amplitudes trop importantes. Avec le temps, on aura besoin des deux.

La technologie va nous apprendre des choses qu’on ne connait pas encore et dont les gens pourront se servir au quotidien, et en même temps, on va se concentrer sur les petites choses, comme la literie, qui est cruciale pour bien dormir, mais aussi les huiles essentielles.

Récemment, on s’est rendu compte, en menant des études, que le bulbe olfactif est très important en terme d’indication neurosensorielle, notamment au niveau de l’hippocampe et qu’il déclenche des mémoires profondes qui permettent de s’endormir beaucoup plus facilement. C’est la madeleine de Proust.

Ce sont de petites études, mais elles ouvrent un territoire sur lequel les Coréens et les Japonais ont déjà travaillé, parce que leur culture, au niveau des huiles essentielles ou du massage, est un peu plus performante. Je pense qu’on va en venir à des choses plus raisonnables, et cela marche dans les deux sens.